Face au stress organisationnel, managérial, environnemental, chaque individu est différent et n’a pas la même capacité de réponse car possédant un cerveau plus au moins apte à faire face à l’inconnu. Certains seront sur un mode automatique privilégiant la routine, les certitudes, le binaire, d’autres sur un mode adaptatif favorisant la curiosité, la flexibilité, la souplesse, la relativité. Au-delà des aspects cognitifs, il y a les facteurs de personnalité qui vont accentuer ou non la zone d’inconfort face à l’imprévu, l’inconnu, le subi…Il est donc essentiel de mieux armer les individus face aux situations stressantes vécues pour les aider à trouver des issues pour sortir de l’impuissance. Pour cela l’accompagnement à la gestion du stress proposé doit leur permettre de :
- Relativiser la situation pour éviter d’y donner plus d’importance que nécessaire ,
- Acquérir de l’assertivité pour s’opposer sans agressivité et apprendre à dire Non ou Oui mais… pour ne pas prendre sur soi la charge stressante de son interlocuteur
- Réévaluer son échelle d’exigence et ses scénarios de vie L’individu est donc un acteur non conscient de son propre stress et des facteurs pathologiques que celui-ci peut occasionner.
S’il est important de s’ouvrir vers l’extérieur, d’être à l’écoute des autres et de son environnement, il est essentiel dans sa vie en entreprise de rester en contact avec son soi intérieur : ses valeurs, son éthique, ses ambitions, ses envies et aussi son énergie, sa fatigue, son stress, sa démotivation… Le fait de s’oublier et de perdre de vue ce qui nous tient véritablement à cœur peut entraîner une déprime, des maladies psychosomatiques, de l’épuisement, une perte de sens au risque de voir éclater le lien familial. Ainsi l’accroissement de la pression au cœur de l’entreprise et la peur de perdre son emploi augmentent ostensiblement l’ensemble de ces risques. La personne concernée ne se rend pas tout de suite compte de la spirale infernale dans laquelle elle s’enferme.
En situation de compétition pour sa carrière ou/et de crise dans l’entreprise, nous redoublons d’efforts par exemple pour ne pas perdre la face vis-à-vis de nos proches. Cela peut également nous amener à adopter des comportements négatifs face à nos collègues. Cela commence par un surcroît de travail, suivi de fatigue, ensuite une douleur physique peut apparaître comme le mal de dos, pour finir par un sentiment permanent de débordement accentué par la pression du résultat qui engendrent un stress négatif, source de l’aggravement de nos différents maux. Généralement, cela se termine par un arrêt maladie, des erreurs professionnelles, une démission, et dans le pire des cas, par un suicide. Il est difficile qu’un suicide incombe en totalité à l’entreprise car cet acte, souvent irréversible, est multifactoriel et en lien direct avec les contextes vécus par le salarié. Un mal-être familial et personnel, un endettement important, la peur de perdre la face, d’échouer, sont autant de facteurs qui accroissent ce risque ultime.
Il y a d’autres formes de suicides plus silencieux tels que l’alcoolisme, le surmenage, la dépression qui font énormément de dégâts humains dans l’entreprise mais dont les médias parlent peu car elles sont moins spectaculaires et totalement intégrées dans les mœurs. Ce mal-être professionnel peut également entraîner des dysfonctionnements dans la vie de tous les jours, avec ses amis, sa famille et autres proches. Le stress déforme notre personnalité et nous confronte à l’obscurité de celle-ci. En effet, il y a souvent des traits de personnalité que nous avons adaptés pour en réduire la présence et ainsi mieux vivre avec notre environnement. Le stress a pour effet de mettre en exergue ce que nous avons eu tant de mal à cacher ou à diminuer tels que : le parano qui se méfie de tout et de tout le monde, le déprimé qui voit tout en noir et qui n’a goût à rien, l’obsessionnel qui se sécurise au travers de gestes répétitifs en se créant un environnement figé. Le meilleur moyen de ne pas tomber dans cette spirale est de connaître et de poser ses limites en disant « stop, j’arrête, je ne peux plus continuer ».
Il faut à la fois du courage et de la confiance en soi pour accepter et assumer ses limites avant qu’il ne soit trop tard. Votre environnement ne le fera pas à votre place et aura tendance à vous culpabiliser en jouant sur des leviers tels que l’avancement, les augmentations, la carrière ou le licenciement. Le manager vous poussera donc au maximum car il n’a pas conscience de jusqu’où vous pouvez accepter la pression psychologique, le stress, la peur… Il part du principe que c’est à vous de prendre la responsabilité de vous-même. Ceux-là mêmes qui vous oppressent, subissent également une pression qu’ils ne font que vous retransmettre sans vraiment l’analyser et la filtrer. D’ailleurs, moins ils sont en contact avec eux-mêmes moins ils ne peuvent respecter vos limites et les comprendre.
C’est à chacun d’apprendre à interroger ses rapports avec son environnement et à percevoir les tensions que l’on se dissimule parfois par confort, pour ne pas remettre en question sa compétence professionnelle. Il est donc essentiel d’écouter son corps, son cœur et son esprit pour déterminer à quel moment vous risquez de basculer de la zone d’inconfort vers la zone de risque. Les symptômes sont d’autant plus importants que la personne subit la pression de son environnement. Ils sont parfois difficiles à percevoir par soi-même et il est facile, très facile, de s’aveugler. Nous avons une grande capacité à composer avec l’inconfort, mais il y a un moment où nous n’avons plus la force de réagir. Certains sont plus résistants que d’autres. Dès que nous passons dans la zone d’inconfort, nous risquons de tomber ensuite dans la zone de risque, voire de blocage. Aider le salarié à mieux gérer son stress c’est lui permettre de mener une réflexion sur lui-même, sur ses priorités et développer quelques pratiques comme :
– S’affirmer face aux autres ;
– Savoir dire non;
– S’introspecter;
– Clarifier ses priorités ;
– Se remettre en question ;
– Interroger le sens de son travail, voire de sa vie,
– Apprendre à se préserver etc…
L’ensemble de ces pratiques sont faciles à énumérer mais moins faciles à mettre en œuvre si l’entreprise n’accepte pas de revoir son modèle de management et de fonctionnement.